Stéphane Rocchi, directeur de recherche au Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire (C3M) à Nice, prend ce mois-ci ses fonctions de président du Comité Scientifique (CS) du Canceropôle Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Il nous parle ici de son parcours et des perspectives de son mandat.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos fonctions et travaux de recherche actuels ?
Directeur de recherche à l’Inserm, je codirige une équipe translationnelle au C3M avec Thierry Passeron, professeur de médecine et chef du service dermatologie au CHU de Nice.

Notre équipe se concentre sur deux grands axes de recherche : les désordres pigmentaires et l’onco-dermatologie, axe sur lequel je suis plus particulièrement impliqué.

Nous travaillons notamment sur un cancer très agressif de la peau, le mélanome. Beaucoup de progrès thérapeutiques ont été faits ces dernières années dans ce domaine, avec notamment en 2011 le développement de thérapies ciblées visant une protéine importante pour le développement de ce cancer qui est mutée chez près de 50% des patients atteints. Cependant, le problème majeur de ces traitements est le développement systématique de résistances. En parallèle de ces thérapies ont été développées des immunothérapies qui vont cibler et stimuler le système immunitaire du patient pour lutter contre ce cancer. Mais là encore certains patients ne répondent pas à ces traitements et on observe également la mise en place de résistances.

En résumé, malgré des avancées thérapeutiques conséquentes, environ 50% des patients atteints de mélanome sont encore en échec thérapeutique. C’est là que mon équipe intervient en essayant de mettre en évidence de nouvelles cibles thérapeutiques qui pourraient être utilisées à terme en alternative ou en soutien à des thérapies existantes. Ces recherches ont induit une collaboration de longue date avec l’équipe de Rachid Benhida de l’Institut de Chimie de Nice (ICN) qui développe des petites molécules que nous testons au sein du laboratoire en pré-clinique sur différents modèles de mélanomes.

Ces dernières années furent riches d’enseignements et d’expériences pour moi avec la direction d’une équipe de recherche translationnelle au C3M, la valorisation de notre travail par l’obtention d’un financement EmA, le dépôt de nombreux brevets et enfin dans la continuité, la création de la start-up « Biper Therapeutics » en juillet 2021. Ce travail a été possible grâce au soutien du Canceropôle mais aussi grâce aux étroites collaborations développées avec les chimistes de l’ICN et le service de dermatologie du CHU de Nice.

Par mon engagement dans la présidence du CS du Canceropôle, j’ai notamment envie d’aider la communauté de chercheurs de la région à obtenir le soutien dont j’ai bénéficié et qui m’a permis de réaliser mes projets. J’ai donc envie à mon tour de mettre mon expertise au service de notre communauté scientifique.

Quelles sont les perspectives de votre mandat ?
Tout d’abord je tiens à remercier tout le Conseil Scientifique de m’avoir fait confiance pour m’élire en tant que président. J’aurais la lourde tâche de succéder à Xavier Morelli, dont j’ai vraiment apprécié l’investissement et le pilotage en tant que président du Conseil et que je remercie pour avoir su mener à bien les missions du CS et cela en toute indépendance et impartialité. Merci aussi à Clara Ducord pour son dynamisme, son engagement et son incroyable travail au sein du Canceropôle. Johanna Kadabanian a repris le flambeau, avec succès, depuis quelques mois, j’aurais grand plaisir à l’accompagner avec dévouement dans cette nouvelle mission.

Le rôle du prochain CS et de son président s’inscrira dans la continuité des actions menées : dynamiser l’écosystème scientifique et clinique régional, soutenir l’amorçage de nouvelles recherches et accélérer l’innovation et la valorisation. Il sera aussi de mettre en œuvre le prochain contrat d’objectifs et de performance récemment signé avec l’INCa pour la période 2023-2027. Le CS devra également relever de nouveaux défis et se fixer de nouveaux objectifs sur la base de réflexions et de nouveaux projets, toujours dans l’idée de s’adapter au mieux aux besoins de la communauté scientifique. C’est dans ce cadre que je me positionne. Ainsi, je m’engage à mettre mes compétences et mon expérience au service du Canceropôle aux côtés de son équipe et de sa directrice, à respecter les principes de collégialité et de transparence, et à agir dans l’intérêt collectif afin de poursuivre le rôle de catalyseur de la recherche en cancérologie dans notre région que joue le Canceropôle Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Je profite de cette newsletter pour saluer les nouveaux membres du Comité Scientifique du Canceropôle qui prennent aussi  leur fonction ce mois-ci et avec lesquels j’ai hâte de travailler.